À l’approche des élections au Parlement européen (6 au 9 juin 2024 selon les pays), le Cercle Agénor a sollicité une dizaine de citoyens européens, résidant aux quatre coins de l’Union européenne ou dans son voisinage immédiat, pour partager avec nous leur regard, situé, informé, analytique, sur la campagne telle qu’elle se déroule dans leur pays… En savoir plus
Charles Coudoré, cofondateur et secrétaire général du Cercle Agénor, vit à Vienne, où il est responsable des réseaux sociaux et des communautés au sein de EIT Health Austria. Il est diplômé de l'Université d'Auvergne (droit, 2010) et de Paris-Sorbonne Nouvelle (études européennes, 2014).
Quelques éléments internes très brefs : l’Autriche est un pays constitutionnellement neutre, membre de l’Union européenne depuis le 1er janvier 1995. Le sentiment d’appartenance est positif autour des 60%, environ 70% des Autrichiens disent qu’ils vont sûrement aller voter, chiffre stable depuis la dernière élection. Le sujet d’une sortie de l’Autriche de l’Union européenne ne touche qu’une très infime minorité. Enfin, les Autrichiens peuvent voter à partir de 16 ans depuis 2007.
Bonjour à tous ceux qui nous écoutent. Je m’appelle Charles Coudoré Habjan, je réside à Vienne en Autriche et je vais partager des éléments de la campagne européenne locale, dans le cadre du projet de regards croisés sur la campagne des élections européennes 2024 pour le Cercle Agenor.
Quelques éléments internes très brefs : l’Autriche est un pays constitutionnellement neutre, membre de l’Union européenne depuis le 1er janvier 1995. Le sentiment d’appartenance est positif autour des 60%, environ 70% des Autrichiens disent qu’ils vont sûrement aller voter, chiffre stable depuis la dernière élection. Le sujet d’une sortie de l’Autriche de l’Union européenne ne touche qu’une très infime minorité. Enfin, les Autrichiens peuvent voter à partir de 16 ans depuis 2007.
La thématique principale qui apparaît pendant cette campagne tourne autour des questions économiques, liées aux crises de l’énergie, avec le conflit en Ukraine – l’Autriche était très dépendante du gaz russe -, du logement, avec une hausse des loyers importante, et la lutte contre l’inflation. Le gouvernement de coalition droite-verte en ressort très affaibli dans les sondages d’opinion.
Comme autre thématique principale, nous retrouvons les politiques de migration et sécurité, la lutte contre le changement climatique, enfin les questions d’élargissement.
Dans l’ensemble, l’actualité européenne influe grandement sur ces discussions au travers de la situation en Ukraine, dans un voisinage pas si loin, qui a réveillé des débats sur la neutralité du pays et a secoué la société autrichienne avec la crise énergétique qui a suivi. De plus, l’influence russe se révèle toujours très présente, avec beaucoup d’investissements, et tout cela matérialisé notamment par un scandale d’espionnage révélé récemment concernant des agents autrichiens à la solde de la Russie. Le débat sur l’élargissement se pose également, avec une opinion qui serait plus favorable à un élargissement au pays des Balkans occidentaux, zone d’influence importante pour l’Autriche, plutôt qu’à l’Ukraine.
Les partis modérés de la droite, du centre libéral, de la gauche et des Verts se rejoignent au fond sur la nécessité de renforcer les relations avec les partenaires européens, mais les clivages apparaissent sur les politiques sociales, de sécurité, de protection de l’environnement et sur l’aide à apporter à l’Ukraine, en raison du statut de neutralité. Ces clivages ne sont pas forcément insurmontables. L’Autriche étant un pays de gouvernement de coalition, ces partis peuvent s’entendre, mais diffèrent dans leurs priorités et stratégies.
Le parti vert concentre par exemple ses efforts sur le vote des jeunes et leur connexion avec les sujets climatiques, en choisissant comme tête de liste une activiste de 23 ans très connue dans l’environnement associatif autrichien.
L’extrême droite, très forte dans les sondages, surfe avec succès sur tous les clichés de la bureaucratie européenne teintés de rejet des politiques de gouvernements de droite affaiblis et une gauche qui a du mal à retrouver une assise solide.Le rejet des politiques contre le Covid a fait beaucoup de mal, appuyé par des scandales de corruption au sein du gouvernement. La campagne est menée sur le principe du patriotisme national, contre le monstre bureaucrate européen, du peuple contre le système.
Le parti de droite gouvernementale tente de répliquer sur ce domaine en insistant sur la réforme des politiques migratoires.
A noter que les partis entament également leur travail en vue des élections législatives autrichiennes qui suivront directement les élections européennes en automne 2024. Le président fédéral s’est lui-même engagé au travers d’une allocution à l’occasion de la journée de l’Europe du 9 mai, et a appelé à un vote dans le sens d’une plus forte solidarité européenne.