À l’approche des élections au Parlement européen (6 au 9 juin 2024 selon les pays), le Cercle Agénor a sollicité une dizaine de citoyens européens, résidant aux quatre coins de l’Union européenne ou dans son voisinage immédiat, pour partager avec nous leur regard, situé, informé, analytique, sur la campagne telle qu’elle se déroule dans leur pays… En savoir plus
Née en 1989, Mathilde Quilleré travaille dans l’univers des start-ups tech. Après un début de carrière chez L’Oréal en marketing puis Danone dans le commerce, Mathilde est partie vivre en Norvège depuis 2018. Elle s’engage très tôt en politique, et rejoint le Mouvement Démocrate dès sa création en 2007 pour contribuer au débat d’idées et faire avancer l’intérêt général. Elle se mobilise en particulier pour les questions de diversité et œuvre notamment auprès d’Oslo Pride pour contribuer à promouvoir l’inclusion et la diversité dans nos sociétés.
Il y a vraiment deux thématiques qui tirent leur épingle du jeu. La défense : les gens en Scandinavie se sentent bien plus concernés par la présence de la Russie qu’en France, notamment. Et l’écologie, le climat, avec parfois des focus un petit peu contradictoires. Il y a un sentiment, par exemple, de devoir promouvoir le modèle scandinave, 100% des énergies renouvelables, alors que d’autres voient un petit peu les limites de ce modèle et veulent passer plus sur une part croissante avec d’autres types d’énergie, un petit peu comme on prend l’exemple sur la France là-dessus.
Je m’appelle Mathilde Quilleré, je réside en Norvège. Je suis la présidente du MoDem Europe du Nord. Mon propos aujourd’hui porte sur les pays scandinaves de l’Union européenne, c’est-à-dire le Danemark et la Suède.
Il y a aussi des militants centristes de ces deux pays qui m’ont aidé à apporter des éléments de réponse.
Alors, quelles sont les principales thématiques abordées pendant la campagne et pourquoi ? Il y a vraiment deux thématiques qui tirent leur épingle du jeu. La défense : les gens en Scandinavie se sentent bien plus concernés par la présence de la Russie qu’en France, notamment. Et l’écologie, le climat, avec parfois des focus un petit peu contradictoires. Il y a un sentiment, par exemple, de devoir promouvoir le modèle scandinave, 100% des énergies renouvelables, alors que d’autres voient un petit peu les limites de ce modèle et veulent passer plus sur une part croissante avec d’autres types d’énergie, un petit peu comme on prend l’exemple sur la France là-dessus.
Il y a aussi deux autres thématiques qui ressortent, notamment sur la partie institutionnelle. Comment faire évoluer l’Union européenne dans un sens qui convient aux Scandinaves, ne pas trop mettre en cause le modèle frugal, mettre en avant le rôle des petits pays en luttant contre une mise en danger de l’unanimité.
Et aussi un sujet sur l’immigration, un petit peu différent dans chacun de ces deux pays. Les Danois, en dépit de statistiques très claires, restent persuadés d’être en proie à une immigration mal maîtrisée et non choisie, remettant en cause leur modèle de société et la pérennité de l’État-providence. En Suède, on a maintenant une coalition avec l’extrême droite qui gouverne la Suède depuis 2022, après des décennies de gouvernance des socio-démocrates. Vu que l’extrême droite est un peu au pouvoir, ce n’est plus au centre complètement des discussions, de cette élection spécifique en tout cas.
Sur les thématiques proprement européennes ou internationales, est-ce qu’elles sont centrales ou secondaires ? Elles sont clairement centrales. Il y a un fort soutien à l’Ukraine au sein de la population scandinave, une sensibilité plus importante que d’habitude aux enjeux de défense et d’élargissement. Ça s’explique par un attachement des Danois notamment toujours plus forts pour l’OTAN, et des Suédois qui viennent de rentrer dans l’OTAN, et puis le rôle protecteur des États-Unis.
Donc il y a un léger tiraillement entre préserver une position scandinave, traditionnellement un petit peu distante de l’Union européenne, ne pas laisser imposer plus que le strict nécessaire par un pouvoir qui ne serait pas scandinave, et en même temps s’assurer d’être dans le bon wagon de l’Union européenne dans une période critique, afin d’y faire valoir ses intérêts et de faire bloc.
Et sur la troisième question – comment les partis politiques du pays se positionnent-ils par rapport à ces thématiques ? – il y a un relatif consensus sur les enjeux de défense, et notamment vis-à-vis de l’Ukraine, à part les extrêmes, mais l’influence sur cette élection est un petit peu limitée. Donc il y a un relatif consensus, aussi en opposition à des réformes trop marquées, des aspects institutionnels également, des différences entre partis beaucoup moins clivantes qu’en France, et une bonne capacité à ne pas percevoir ce scrutin comme une sanction à mi-terme, mi-mandat des gouvernements scandinaves. Il y a en revanche une différence un petit peu plus marquée dans d’autres secteurs, notamment sur l’agriculture et l’énergie.