À l’approche des élections au Parlement européen (6 au 9 juin 2024 selon les pays), le Cercle Agénor a sollicité une dizaine de citoyens européens, résidant aux quatre coins de l’Union européenne ou dans son voisinage immédiat, pour partager avec nous leur regard, situé, informé, analytique, sur la campagne telle qu’elle se déroule dans leur pays.
Ils sont Français, Italien ou Roumain, vivent en Belgique, en Autriche ou en République tchèque. Ils sont engagés, militants de la démocratie et de l’Europe. Mais ce sont aussi des acteurs de terrain et des observateurs avisés de la vie politique. Leur regard nous aide à nous décentrer, à prendre en compte la situation de chaque pays européen, à percevoir ce qui nous réunit et ce qui peut aussi nous éloigner.
Les élections européennes se déroulent dans un contexte inédit, marqué par un double paradoxe. Paradoxe démocratique d’abord : en cette année électorale record1, la moitié de la population mondiale en âge de voter est appelée aux urnes, en Europe mais aussi en Russie, en Inde ou aux États-Unis – dans des élections, il est vrai, plus ou moins libres, plus ou moins jouées d’avance – du jamais-vu ! La représentation démocratique par le système du vote s’est répandue presque partout. Pourtant, le modèle de la démocratie libérale semble contesté comme jamais depuis la fin de la Guerre froide, par la montée en puissance des « anti-démocraties2 » russe, chinoise, iranienne, et celle des mouvements populistes ou illibéraux au sein-même des démocraties libérales. Paradoxe européen ensuite : face aux immenses défis qui affectent l’ensemble de l’Europe (guerre à l’Est, dérèglement climatique, compétition géo-économique avec les USA et la Chine, défi migratoire, etc.), la tentation semble très forte du repli sur soi, sur les préoccupations locales et nationales, ou pour s’émanciper du cadre jugé trop corseté des institutions européennes.
Dans ce contexte particulier, nous avons posé trois séries de questions à nos citoyens :
- Quelles sont les principales thématiques abordées pendant la campagne et pourquoi ?
- Les thématiques proprement européennes ou internationales (guerres dans le voisinage immédiat, relations aux grandes puissances, élargissement, réforme institutionnelle de l’UE, etc.) sont-elles centrales ou secondaires ? Comment l’analysez-vous ?
- Comment les partis politiques du pays se positionnent-ils par rapport à ces thématiques ? Y-a-t-il des clivages forts ? Ou au contraire des rapprochements ?
Qu’ont-ils répondu ? Le constat français d’une mobilisation insuffisante autour du scrutin européen, d’enjeux européens sacrifiés sur l’autel des préoccupations nationales et de fractures politiques qui se creusent est-il généralisable à l’ensemble de l’Union ? Pour la démocratie européenne, et même pour l’Europe en tant que communauté politique, faut-il verser dans l’optimisme ou craindre le pire ? À votre écoute, citoyens !
Pierre-André HERVÉ est cofondateur et Président du Cercle Agénor. Consultant indépendant spécialisé en gestion des risques internationaux (Moyen-Orient, en particulier), il rédige par ailleurs une thèse de doctorat à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes (EPHE) sur l'histoire du confessionnalisme politique au Liban. Diplômé de l’université Paris I Panthéon-Sorbonne (géographie, 2010) et de SciencesPo (sécurité internationale, 2013), il a occupé diverses fonctions dans les secteurs public et privé. En 2017 et 2018, il était conseiller sur les affaires étrangères et la défense du groupe MoDem à l'Assemblée Nationale.
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Pierre-André Hervéhttps://www.cercle-agenor.org/author/paherve92/
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Notes
- https://www.lemonde.fr/international/article/2024/01/06/2024-annee-electorale-record_6209359_3210.html
- L'expression est notamment développée par l'historien et sociologue Hamit Bozarslan dans L'anti-démocratie au XXIe siècle. Iran, Russie, Turquie, Paris, CNRS Editions, 2021, 288 p.