À l’approche des élections au Parlement européen (6 au 9 juin 2024 selon les pays), le Cercle Agénor a sollicité une dizaine de citoyens européens, résidant aux quatre coins de l’Union européenne ou dans son voisinage immédiat, pour partager avec nous leur regard, situé, informé, analytique, sur la campagne telle qu’elle se déroule dans leur pays… En savoir plus
Olivier Debroise a été employé dans divers centres européens multilingues pour des multinationales à Prague. Il est actuellement analyste de données en intelligence artificielle dans une agence de langues. Sympathisant du MoDem depuis 2007, il a adhéré à ce parti fin 2021 en réaction à la montée des extrêmes. Récemment élu interne des Français de l'étranger.
Coïncidence, l’élection du nouveau Parlement européen début juin a lieu quelques semaines après le 20e anniversaire de l’adhésion de la République tchèque à l’Union européenne le 1er mai 2004. Il est donc beaucoup question du bilan en ce moment, et il est remarquable. Le niveau de vie local a tellement augmenté, en grande partie via les fonds structurels, qu’il frôle la moyenne européenne et dépasse déjà celui de l’Espagne ou du Portugal. L’Union européenne, et surtout le Parlement européen, ont pourtant ici une image aussi médiocre que le taux de participation à la dernière élection en 2019, l’un des plus mauvais d’Europe.
Bonjour, ici Olivier Debroise, authentique parisien âgé de 50 ans. Je suis installé en Bohême centrale, périphérie de Prague, depuis 2006, avec mon épouse tchèque et nos quatre grands enfants.
Coïncidence, l’élection du nouveau Parlement européen début juin a lieu quelques semaines après le 20e anniversaire de l’adhésion de la République tchèque à l’Union européenne le 1er mai 2004. Il est donc beaucoup question du bilan en ce moment, et il est remarquable. Le niveau de vie local a tellement augmenté, en grande partie via les fonds structurels, qu’il frôle la moyenne européenne et dépasse déjà celui de l’Espagne ou du Portugal. L’Union européenne, et surtout le Parlement européen, ont pourtant ici une image aussi médiocre que le taux de participation à la dernière élection en 2019, l’un des plus mauvais d’Europe.
Lors du lancement de sa campagne électorale au début de ce mois, le 1er mai précisément, le parti politique dominant du milliardaire populiste Andrej Babis a donné le ton. Son programme: révision voire abrogation du Pacte vert, accusé de servir une idéologie, et surtout du Pacte migratoire accusé d’encourager la migration, protection de la souveraineté tchèque, négociation de paix en Ukraine. Les résultats constants des sondages lui donnent plus du double d’intention de vote que le parti libéral conservateur du Premier ministre Petr Fiala, et presque autant que l’ensemble des cinq partis de la coalition qui est au pouvoir depuis l’automne 2021.
L’actuel gouvernement de centre-droit et le président Pavel, ancien général en chef de l’OTAN élu en 2023, quant à eux, préconisent de renforcer l’Union européenne tant pour la défense et la sécurité que pour l’autonomie industrielle et énergétique. La République tchèque est à la pointe des livraisons d’armes à l’Ukraine. C’est que la menace russe est particulièrement ressentie ici, mais le même clivage se retrouve parmi la population.
Les anciennes générations sont restées marquées par l’isolement dans le bloc de l’Est pendant les 40 ans de présence soviétique, dont la moitié d’occupation pure et dure. Au contraire, les plus jeunes se reconnaissent dans le modèle occidental, dont ils se sentent pleinement membres et très éloignés des modèles autoritaires. Leur point commun ? La conscience de vivre dans un pays trop petit pour espérer un quelconque impact sur la vie internationale. D’où un mélange de froid réalisme et de tiède optimisme quant à l’Europe. On veut bien ouvrir une ligne ferroviaire directe entre Prague et Bruxelles depuis 5 mars 2024 grâce à l’espace Schengen, mais on repousse indéfiniment l’entrée dans la zone euro qu’on aurait pu adopter comme le si proche voisin slovaque depuis 2010. La même ambivalence se retrouve sur les questions financières. J’ai dit que le niveau de vie tchèque a beaucoup augmenté et en grande partie grâce aux fonds structurels. Jusqu’à présent, la République tchèque est effectivement un bénéficiaire net du budget européen dont elle reçoit davantage qu’elle ne lui verse. Qu’arrivera-t-il lorsque cette situation s’inversera et qu’elle deviendra contributeur net au budget de l’Union parce que son niveau de vie aura dépassé la moyenne européenne ?